lundi 6 mai 2019
Septembre 1812
Le 15 septembre 1812, de nombreux foyers d'incendie éclatent à Moscou, prenant au dépourvu la Grande Armée de Napoléon 1er. Terre brûlée Napoléon 1er avait franchi le Niemen avec ses troupes le 24 juin 1812, envahissant la Russie sans déclaration de guerre préalable. Le 14 septembre, au terme d'une marche éprouvante, la Grande Armée entre enfin à Moscou. C'est pour s'apercevoir que la ville a été, la veille, désertée par tous ses habitants. Sur ordre du comte Fédor Rostopchine, gouverneur général de la ville (et père de la future comtesse de Ségur, auteur des Malheurs de Sophie), les Moscovites ont été chassés vers les forêts des alentours... et les pompes à eau évacuées au loin. Les soldats de Napoléon commencent à se livrer à des pillages mais dès le lendemain de leur entrée dans la ville, ils doivent faire face à des incendies multiples, allumés ça et là par des repris de justice russes. Ces derniers avaient été extraits des prisons par le gouverneur avec mission d'incendier un certain nombre d'édifices en échange de leur liberté. Très vite, la ville, construite pour l'essentiel en bois, est en flammes. Sur un total de 9500 édifices, 7000 brûlent en tout ou partie. Le pouvoir tsariste se garde d'assumer la responsabilité du désastre. Il l'attribue publiquement aux soldats ennemis et attise contre eux la haine de la population. Napoléon 1er s'entête néanmoins à attendre sur place, pendant un mois entier, une réponse du tsar Alexandre 1er à ses offres de négociations. Celles-ci ne venant pas, il doit se résigner à battre en retraite en dépit de l'hiver précoce... et sans avoir pris la précaution d'y préparer ses soldats. Le 20 septembre, avant de partir, il fait part de son intention d'achever la destruction de la ville. Suivant ses ordres, le maréchal Mortier fait sauter les tours du Kremlin, depuis lors reconstruites à l'identique. Comme le maréchal Koutouzov bloque avec ses troupes la route du sud-ouest, l'empereur est contraint de revenir par le même chemin qu'à l'aller, bien que celui-ci eût été déjà dévasté par les troupes russes et que le terrible hiver russe fasse déjà sentir ses morsures. C'est le début d'une nouvelle anabase.