vendredi 12 octobre 2018

Dans le ciel de Péronne

Samedi dernier, j'ai tenté un saut en chute libre dans le ciel de Péronne. Et tandis que je faisais de la tachycardie à l'idée de sauter, j'ai eu une pensée plutôt singulière : je me suis fait la réflexion que l'Europe va probablement atteindre un nouveau stade de développement d'ici peu. Le moment paraissait étrange pour penser au projet européen, je le reconnais. Mais je me suis dit que tout est réuni pour tirer l'Europe du marasme dans lequel elle trempe depuis si longtemps. Cette idée a été tellement soudaine que je ne me rappelle pas tout. C'est comme quand on tente de se souvenir d'un rêve : plus on se concentre, et moins on met le doigt dessus. Mais la situation actuelle le montre assez clairement. Pour commencer, il y a le fameux Brexit, qui a très nettement desservi le discours eurosceptique. Cela peut paraître paradoxal, évidemment, mais ce dernier était en vogue quand il n'était que cela : un discours, justement. Maintenant qu'il recouvre une réalité tangible, il semble beaucoup moins attrayant à tout le monde, et la plupart des partis d'extrême-droite font l'impasse sur le sujet au vu de son extrême impopularité... De ce point de vue, nous devons donc remercier nos voisins anglais pour leur choix désastreux ! Après, il y a bien sûr notre tout jeune président. Avec l'avènement de Macron, le duo franco-allemand pourrait bien faire des étincelles (et c'est d'autant plus vrai qu'Angela Merkel paraît bien placée pour être à nouveau élue). Cette réactivation du tandem paraît bien partie : Merkel et Macron ont montré une entente solide lors de leurs premières rencontres, ce qui augure des lendemains qui chantent. Et par-dessus tout, il y a l'affaiblissement très net du leadership américain depuis l'élection de Trump. Face à de tels dangers, l'Europe doit faire preuve d'une réelle solidité pour s'en sortir. Voire mieux que ça. En effet, c'est généralement sous la pression que les individus donnent ce qu'ils ont de meilelur. Dans ce cas et dans un tel contexte, une Europe beaucoup plus forte pourrait poindre le bout de son nez d'ici peu.... Quoi qu'il en soit, si les sensations fortes ne vous effraient pas, je vous invite à essayer le saut en chute libre : ce qu'on éprouve là-haut est franchement magnifique. Si vous voulez plus d'infos sur le sujet, c'est par là que ça se passe. Retrouvez plus d'informations sur l'organisateur de ce de saut en parachute à Peronne.

jeudi 11 octobre 2018

Repenser la notion de performance a` l’aune de la complexité, de la singularité et de l’incertitude

Les notions de performance, et de rentabilité, après être passées du domaine de la finance et de l’entreprise sont en train de glisser vers les acteurs de santé. Comme nous l’avons vu, à une époque et dans un contexte où la tendance est à vouloir toujours réduire le temps et valoriser l’action, on confond souvent vitesse et performance. L’incertitude peut être la source de performance d’une nouvelle approche de la relation entre le soignant et le soigné. Le temps et plus encore la disponibilité - en ce sens que l’on peut disposer de temps mais ne pas être disponible – sont certainement des outils de la performance. C’est en utilisant ces outils pour communiquer au rythme de ce que chacun peut dire/entendre que peut se créer une relation, avec la personne âgée ou la personne malade, marquée par la confiance. On constate combien la confiance entre celui qui est soigné et celui qui soigne est un facteur d’autonomie pour les deux protagonistes et de limitation de l’angoisse. Qu’est-ce qu’être performant pour un soignant ? Qu’est-ce qu’être rentable lorsqu’on est soignant ? Est-ce qu’être performant estseulement être rentable, être efficace à tout prix ?… Ces questions peuvent choquer et surprendre parce qu’elles ne sont pas ancrées dans la tradition soignante, mais elles sont pertinentes, parce que viser une optimisation, une amélioration de la santé est une démarche qualité qui passe par les acteurs de la santé. Pour être des éléments constitutifs de la performance, les objectifs d’efficacité, d’efficience et parfois même de rentabilité doivent être atteints avec des moyens acceptables socialement et donc justifiés au plan éthique. En effet ces questions, posées dans un contexte économique très contraint, risquent de privilégier une rentabilité entendue au sens financier alors que d’autres dimensions mériteraient d’être explorées (rentabilité clinique, sociale, etc.). Il existe ainsi des outils pour améliorer la performance clinique. Ces outils de la performance clinique sont utilisés pour maîtriser les risques, améliorer la qualité de la santé et optimiser les coûts. Les systèmes de signalement des évènements indésirables en sont un exemple. Le travail interdisciplinaire en est un autre, tout comme les revues de morbi-mortalité, mais aussi la tarification à l’activité (T2A) - le mécanisme à la base du financement des séjours hospitaliers courts - si l’on prend la peine d’en questionner l’usage et les limites… On peut malheureusement déplorer que la notion d’activité dans la T2A soit réduite et assimilée à la notion d’acte technique. Comment valoriser la réflexion éthique interdisciplinaire et la prise de décision de ne pas faire alors qu’à ce jour la T2A ne reconnait pas le fait que réfléchir avant d’agir et décider de ne pas faire, alors que l’on sait faire, sont probablement les actes les plus complexes de l’activité médicale. De même, communiquer avec la personne en souffrance pour l’écouter, l’informer, l’aider à cheminer, n’est pas un acte valorisé. Il n’y a au final aucun outil pour valoriser et améliorer le soin relationnel. De surcroit, dans les situations complexes, la performance semble dans ces situations liée au travail interdisciplinaire. Ce travail permet de coordonner les différents acteurs concernés par la situation, d’anticiper les éventuelles complications et les réponses possibles à ces complications, par le partage des expériences et de leurs savoirs, de réduire la part de subjectivité dans les décisions et de limiter d’éventuelles souffrances au travail ou de souffrances personnelles. La rentabilité de cette approche performante pourrait certainement se mesurer de façon indirecte par les économies générées et les souffrances évitées, sur la satisfaction des acteurs et celles de personnes malades, des proches…