jeudi 23 février 2017

La France est communiste

Mikhaïl Gorbatchev prétendait que la France était le dernier pays communiste… Avait-il tort ? Non, il est temps de le dire : de Gaulle est allé trop loin, après guerre, dans son pacte avec les communistes. La proximité entre de Gaulle et le communisme intéresse peu les historiens. Ils ont pris l’habitude d’évacuer le sujet par une formule passe-partout du genre : “À l’époque, le PCF était incontournable.” Pourtant, la connivence est bien plus forte qu’on ne le pense. Dès le mois de juin 1941, le Général décida de jouer la carte Staline (il dissimula ce rapprochement à Churchill). Le 25 juin 1941, de Gaulle fit passer un message secret à l’ambassadeur soviétique en Turquie : « Nous voulons nouer des relations directes avec le gouvernement soviétique. » Staline posera plusieurs conditions à cet accord, notamment la réautorisation du PCF, dissous en 1939 par la IIIe République pour cause de pacte germano-soviétique. Ravi de son coup, de Gaulle écrivit à Catroux, en 1942 : « Nous sommes actuellement plus proches de la Russie que d’aucune autre puissance et j’espère que nous le montrerons bientôt par des actes diplomatiques et même militaires. » Le 4 décembre 1942, de Gaulle déclara à Ivan Maïsky, ambassadeur d’Union soviétique à Londres : « J’espère que les Russes seront à Berlin avant les Américains. » À Londres, le jeune chef de bataillon Pierre Brossolette freine des quatre fers : il faut « se méfier sans réserve des communistes ». Qu’importe, de Gaulle appelle Fernand Grenier à Londres. Un dur du PCF. Il a séjourné en URSS et il anime l’Association des amis de l’URSS. De Gaulle a choisi : plutôt la ligne Jean Moulin que la ligne Pierre Brossolette. Ce résistant socialiste, ancien journaliste, souhaitait un grand rassemblement de personnalités résistantes choisies en dehors des partis qui avaient collaboré. Dans cette perspective, il voulait faire venir à Londres Charles Vallin, numéro deux du Parti social français, formation de droite la plus importante avant-guerre. Mais de Gaulle expédiera Vallin en Afrique pour y commander un bataillon. Selon Claude Pierre-Brossolette, fils du célèbre résistant qui se suicida en 1944 dans les locaux de la Gestapo pour éviter de parler sous la torture, de Gaulle choisit ce jour-là « le Parti communiste comme partenaire privilégié, de préférence à la droite patriotique de Charles Vallin ». En 1944, de Gaulle amnistie le déserteur Thorez, réfugié à Moscou pendant toute la guerre. Puis il file en URSS pour signer avec Staline le pacte franco-soviétique. L’URSS renonce à instaurer un régime communiste en France… Mais il y a une contrepartie : de Gaulle doit concéder. Beaucoup. Il déploie un programme d’inspiration communiste en France. Il nationalise les compagnies minières, l’électricité, le gaz, les principales banques, la Banque de France, les assurances, l’entreprise Renault, coupable de collaboration, l’entreprise de moteurs pour avions Gnome et Rhône, les transports aériens. Il institue la Sécurité sociale, généralise les comités d’entreprise, crée le statut de la fonction publique, met en place la régulation et la planification de l’économie par l’État. La puissance publique pilote désormais l’économie du pays. De Gaulle installe aussi cinq ministres communistes dans son gouvernement, dont Maurice Thorez bombardé ministre d’État (même Léon Blum s’était gardé de nommer des communistes dans le gouvernement de Front populaire). Ces nominations n’ont rien d’anodin, car le PCF de l’époque était sans doute le plus stalinien des PC non soviétiques. Après la démission de De Gaulle, le 20 janvier 1946, les communistes restèrent dans l’appareil d’État. Selon les renseignements généraux, les infiltrés dans la fonction publique furent au nombre d’un millier. Ils deviendront intouchables du fait de l’instauration du statut de la fonction publique, signé par un certain Maurice Thorez.

Superbe tatouage